Loufoque
Pareil à la neige
Une extraterrestre à la personnalité bien trempée se voit haïe et menacée par une marginale à l'esprit dérangé. L'infortuné patelin dans lequel évoluent ces deux déjantées se retrouve alors témoin de sa propre perte.
Dans le petit village de Neuneu-town, une incroyable rivalité s'installa progressivement entre deux habitantes que tout opposait :
La première, Sou, était une extraterrestre de 2 mètres de hauteur au visage très particulier… D'où son surnom évocateur : face de main… Très exubérante, elle décida de vivre aux côtés des êtres humains après avoir fui sa planète surpeuplée et où tout le monde se ressemblait comme deux gouttes d'eau. Bien décidée à faire valoir sa différence et à assouvir son besoin de reconnaissance, elle n'hésitait pas à se montrer grossière, choquante, voire même violente.
Face à elle, Dett, une sombre marginale à l'esprit frappé. Enfermée dans son propre monde, elle ne supportait absolument rien ! L'intolérance était son unique maître mot. Cet énergumène revêtait un curieux aspect. En effet, après avoir perpétré ses horribles crimes, elle aimait se détendre au creux d'un bon bain d'huile. Dans les environs, celle que tous les villageois appelaient "la tueuse à la faux et à la hache, faisait régner la peur et la terreur. Personne n'osait approcher son lugubre gourbi qui n'était autre qu'une caravane délabrée.
Le choc des différences et des mentalités propulsa ces deux êtres au coeur d'une énième prise de bec.
— Tire-toi de ma planète ! Face de main ! cracha salement la tueuse.
— Tu rigoles la folle ! Aller, casse-toi pauvre c**** ! lui répondit aussitôt l'extraterrestre.
— Ha oui ?! Et comment je ferais ça pauvre idiote ! j'ai pas de roue à mon carrosse !
— Ça ! Un carrosse ?! C'est une épave ton truc de m**** !
— Retire ça… ou je te bute ! balbutia la cinglée avec une paupière sautillante.
— Ha ha ha ! T'es vraiment zinzin ma vieille ! se moqua Sou avec aplomb.
Sur ce, Dett fit volte-face et courut le plus vite possible vers son gourbi à l'aide de ces deux brindilles qui lui servaient de jambes.
— Pfff… quelle c****** ! murmura la jeune extraterrestre en retournant au village.
À peine avait-elle tourné le dos qu'elle entendit des bruits de pas s'accélérer derrière elle. Dett lui fonçait dessus avec sa tête de déglingué, une hache au-dessus de son crâne.
S'entama alors une course-poursuite à travers le sympathique village de Neuneu-town. Incroyablement abruties, toutes deux en firent au moins 4 ou 5 tours avant d'en être complètement lassées… Ne comptant pas s'arrêter là, Dett attrapa un passant au hasard et le prit en otage.
— Si tu pars pas de là je le bute ! menaça la givrée, la langue pendante et l'oeil en vrille
— C'est vraiment une obsession chez toi hein ?! Tromblon ! la provoqua l'alien.
Excédé, ledit tromblon assomma l'otage d'un puissant coup de boule et se rua sur sa proie la rage au ventre. Sou s'empara alors d'un autre villageois et s'en servit comme bouclier humain.
— Pfff… De toute façon je ne pouvais pas le piffer z'bonhomme, déclara-t-elle en laissant choir son bouclier usagé.
Sur ce, la course-poursuite repartit de plus belle. Les dualistes arpentaient à présent les moindres recoins du village, traversant la baraque à frites, le bistro de Nanard et même la demeure de Zaza la bouffonne…
La tornade engendrée par ces deux extrêmes semait inévitablement la mort sur son passage. Les deux terreurs ne se souciaient absolument pas des dégâts collatéraux causés par leur stupide affrontement. Très vite, le village fut complètement décimé…
Livrées à elles-mêmes, Sou et Dett eurent leur premier échange pour le moins sensé.
— Hé dit grosse s*****… Il aurait peut-être valu mieux se mettre d'accord avant de se taper bêtement dessus non ?
— Il aurait peut-être mieux valu ! apprend à parler avant de l'ouvrir !
— Nan mais tu m'as compris le cagot ! La question que je me pose à présent est simple. Qu'est-ce qui fait la différence ? Les gens trop différents sont-ils condamnés à se diviser ? Sur ma planète, les gens sont tous les mêmes, c'est d'ailleurs ce qui m'a décidé à venir ici ; pour apporter ma différence…
— Hé ben… Et c'est moi qui suis censé être barjot ! constata la givrée.
— Sachons nous enrichir de nos différences… Au final, nous sommes comme les flocons de neige, tous différents… mais en même temps… tous pareils ! déclara solennellement la jeune alien exilée en regardant les premiers flocons tomber du ciel hivernal.
Émue jusqu'aux larmes, Dett laissa tomber son arme et courut vers les bras tendus de Sou. Malheureusement, cette dernière attendit le moment opportun pour assener un violent coup de bassin à la folle en larmes. La pauvre cinglée fila dans les airs comme un boulet de canon et finit son vol plané en plein milieu de sa masure. Comme dans certains navets cinématographiques, la roulotte explosa à la première secousse dans une fantastique boule et feu.
Calme et silencieuse, la jeune alien admira quelques instants les hautes flammes s'élever au travers de la neige, un air empathique sur sa face de main.
— bye bye grosse s*****, finit-elle par lâcher.
Juste après ces élogieux propos, une seconde explosion retentit et projeta une volumineuse bouteille de gaz en plein sur l'alien qui explosa à son tour.
De nos jours, on raconte que ce feu brûle toujours. Certains disent même qu'il est éternel… La carcasse de la caravane en flamme est soi-disant devenue un point de rendez-vous. Un lieu mystique où les individus touchés par la discorde viennent chercher un salvateur terrain d'entente.
Fin
Pour plus de beaux clichés de flocons, c'est par ici :