La lettre
Lettre à Odile
Un aristocrate joint par courrier une vieille femme pour lui souligner son manque de savoir-vivre. Le jeune homme en profite alors pour lui exprimer "tout le bien" qu'il pense d'elle.
Au château Griboire, le 23 avril 2002
Chère Odile,
Par ce présent courrier, je vous convie, ma chère tante, à bien vouloir m'entendre. Je sais bien, d'après vos propos, ma voix est un klaxon, alors peut-être aurez-vous plus de facilité à me lire.
Je tenais à vous faire part de votre prodigieux manque de savoir-vivre. Bien à vous, ce point précis nous agace tous autant que nous sommes. Votre bêtise atteint des sommets de méchanceté d'une altitude qui dépasse mon entendement.
De ce fait, je vous adresse mes plus sincères félicitations pour avoir gravi sans relâche ces pentes escarpées et être parvenu au plus haut pic de cette montagne d'infamie.
Vous êtes une personne, ma chère Odile, des plus laides qu'il m'ait été donné de voir. La disgrâce de votre personnalité transparaît sans peine sur votre visage aigri et froissé par la haine.
Que vous soyez de la famille n'y change rien ! Je ne vous apprécie guère, ma chère Odile.
Ho ! Ce papier ne vous touchera sûrement pas le moins du monde. Atteindre votre cœur pétrifié relèverait de l'exploit. Seul un coup de pioche savamment porté ou un bâton de dynamite s'avérerait efficace contre la monstruosité qui est la vôtre, ma chère tante.
Sur ce, je vous imagine déjà me mépriser plus qu'à l'accoutumée. J'entends d'ailleurs mes oreilles commencer à siffler.
Je relève donc la main du papier par peur de devenir sourd et vous laisse sur ces mots, ma chère et merveilleuse tante Odile.
PS : de grâce, utilisez le peu de bienséance encore enfouie en vous pour, malencontreusement, glisser lors d'une de vos périlleuses sorties le long des hautes falaises de craie.
Merci bien.
Cordialement,
Jean de Ruche - Bois.