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Nouvelle - Projet Zéro

 

 

projet zero

 


Un monde sans parent, une population d'enfants et d’adolescents, une île école gérée par de rares adultes : le Projet Zéro. Dans cet endroit baigné des mystères les plus étranges, William et ses camarades devront grandir et faire face aux révélations les plus troublantes…


 

 

 

 

Hé Tony, tu viens c'est l'heure des discussions.

 

Ouais, ouais, j'arrive.

 

Une fois les derniers vêtements enfilés dans la précipitation, les deux jeunes hommes sortirent de la maison pour s’avancer à travers les rues fourmillantes d'enfants. Mis à part le numéro ou le nom estampillé sur les façades, les bâtiments demeuraient quasiment identiques. Seul l'aménagement des petits jardins permettait de distinguer une habitation de sa voisine.

 

T'as des questions à poser aujourd'hui ?

 

Tu plaisantes là Will ?! J'en ai toujours des tonnes.

 

William et Tony firent leur entrée dans un bâtiment portant le nom de Zéta oculis. Ils s’avancèrent dans une salle aux airs de lieu d'étude et s’installèrent côte à côte en silence. Sortant de nulle part, un adulte fit son apparition parmi les jeunes, tous âgés d'une quinzaine d'années environ.

 

Bonjour à tous et à toutes ! Alors… commençons !

 

Je souhaiterais démarrer les discussions sur ce qui concerne les parents.

 

Très bien, d'accord. Nous avons déjà bien approfondi le sujet il y a un moment, mais c'est vous qui choisissez. Je vous écoute.

 

Je reviens sur le sujet car il y a quelque chose qui n'est pas logique à mes yeux.

 

L’atmosphère de la salle était calme et studieuse. La lumière de cette belle journée d'été venait se fendre sur les stores vénitiens qui habillaient les grandes fenêtres. Une aveuglante lame de lumière vint déranger William alors qu'il se tournait pour écouter attentivement son ami.

 

Bien, bien. Alors, tous ensemble, nous allons dans un premier temps discuter de cela et tenter d'éclairer les ombres de vos pensées.

 

Hé bien voilà, je ne comprends toujours pas pourquoi il a fallu nous arracher à nos parents. La logique, et même le naturel voudrait que nous soyons tous et toutes élevés par nos parents. Le résultat de la réflexion collective du jour où nous en avions parlé de nouveau ne m'a toujours pas convaincu.

 

Moi non plus, intervint une jeune fille vivement intéressée par le débat qui s’amorçait.

 

On pourrait même dire que vous nous avez kidnappés, rajouta un autre.

 

Oui ! Un kidnapping d'enfants à grande échelle. Bien sûr nous ne sommes pas maltraités, loin de là, mais nous sommes pour ainsi dire en prison car il nous est impossible de sortir de l'île. Aussi grande soit-elle, on peut dire qu'elle est notre prison, poursuivit un autre jeune homme.

 

De discussions en débats, les passages dans le bâtiment Zéta oculis s'avéraient toujours aussi mouvementés. Une interrogation en amenant toujours une autre, l'intensité des questions montait crescendo et les jeunes gens sortaient souvent des salles avec un arrière-goût assez bizarre.

 

Le reste des journées se composait de différents ateliers qui, comme les temps de discussions, n'étaient jamais imposés. Au sein de l'île Ikaras, les jeunes gens étaient libres d'organiser leur journée au gré de leurs envies.

 

Cet après-midi-là, Tony, William ainsi que d'autres camarades passèrent un long moment à échanger leurs craintes, leurs doutes et autres incertitudes concernant leurs conditions de vie ici. De leurs yeux songeurs, tous posaient un regard avide de réponses sur les eaux fraîches et infinies du bel océan qui leur faisait face.

 

On nous cache des choses, c'est certain !

 

Will a raison. Ils disent qu'ils nous ont enlevés à nos parents pour nous protéger mais…

 

Attends, ils ne nous on jamais dit ça. Tu sais comment ils fonctionnent… Ils n’affirment jamais rien, ils nous laissent toujours trouver seuls les réponses à nos interrogations. Ils ne font que nous aiguiller. Mais je suis comme toi Tony, je pense que Will a raison, coupa à toute vitesse une fille un brin nerveuse.

 

Oui, c'est vrai. Enfin bref, je continue. Nous sommes élevés et grandissons dans ce « monde école » afin de véritablement nous éveiller, ou pour nous contrôler ? C'est tellement flou…

 

Tu poseras la question demain, plaisanta William.

 

Une fois de plus, comme à chaque réunion de ce genre, les jeunes repartirent sans une once, ni même une miette de réponse. Leurs yeux avaient beau hurler à l'océan, ce dernier ne daignait pas fournir la moindre explication.

 

Au petit matin, William, qui était le premier debout comme à son habitude, s’affaira à réveiller Tony, son colocataire et ami de toujours. Puis ce fut au tour des trois autres jeunes de mettre un pied à terre. Tous les cinq se connaissaient très bien et aimaient passer des soirées les uns chez les autres.

 

Aujourd'hui on va au Zéta oculis ?! Ça vous tente ?

 

Mouais. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais c'est assez addictif.

 

Addictif et frustrant à la fois. Comme une impression d'avancer tout en stagnant, sourit William qui avait une certaine tendance à poursuivre les dires de son ami Tony.

 

Un vrai paradoxe… Vous avez parfaitement vu juste les garçons, confia Sarah, une fidèle du petit groupe.

 

À l'heure des discussions, chacune des tranches d'âge présentes dans les rues propres et coquettes se dispatchaient dans différents édifices. Les tout-petits eux étaient bien évidemment absents des rues. Ces derniers restaient non loin de crèches où ils dormaient également.

 

William, Tony et Sarah s'installèrent ensemble autour d'une table en attendant l'arrivée de Carl, l'adulte qui dispensait ces « cours de la pensée ». Carl fit son entrée dans le décor très dépouillé de la grande salle.

 

Bonjour à tous et à toutes. J'ai hâte de voir où vont nous conduire les réflexions de ce jour…

 

J'aimerais commencer sur la manipulation.

 

Hum, un sujet fort intéressant qui promet de vifs échanges. Nous t'écoutons Tony, s’enchanta Carl qui semblait de plus en plus captivé par les débats des derniers jours.

 

Nous avons bien compris que le fait d'avoir grandi ici nous a protégé de toutes idéologies, croyances et autres traditions qui auraient pu nous manipuler et nous conditionner.

 

Oui des traditions barbares comme mutiler de très jeunes enfants en leur perforant les oreilles ou pire encore, sourit William qui avait retenu cette anecdote parmi les rares informations distillées par Carl sur les us et coutumes du « monde extérieur ».

 

Mais si on laisse tout ça de côté et que l'on regarde notre situation sur l'île, je ne pense pas me tromper en disant que d'un certain point de vue, vous faites la même chose. Vous nous manipulez et de manière beaucoup plus consciente. Vous cherchez à nous faire devenir je ne sais trop quoi…

 

On peut voir les choses comme ça en effet. Mais on peut aussi les voir autrement…

 

Ah oui. Je suis curieux d'entendre votre avis, lança William avec aplomb.

 

Bon très bien, je vais vous donner mon point de vue. Comme d'habitude ne prenez pas pour vérité ce que je dis. Vérifiez en vous mes propos ! Alors je pense qu'il ne s'agit pas de manipulation, bien au contraire. Il s'agit d'éducation. Éducation dans le sens de vous fournir une aide dans le but de vous réaliser, de vous éveiller. Quand on a conscience des vérités que l'on porte en soi, la manipulation n'a plus aucune emprise.

 

Carl avait vu juste. Les échanges autour de ce sujet embarquèrent tous les jeunes présents. De ces discussions ressortit principalement une même ligne. Une remise en question totale de leur vie sur Ikaras.

 

De nouveau face à l’océan, William, Tony et Sarah n'en finissaient plus de réfléchir. Cela faisait un moment qu'ils se doutaient d'être fou sans y croire vraiment. Le monde dans lequel ils avaient grandi s’avérait de plus en plus étrange. Étaient-ils au sein d'un asile psychiatrique ? Ils ne se sentaient pas manipulés mentalement mais ils craignaient un genre de manipulation beaucoup plus insidieux et pervers. Les agissements de Carl rajoutaient encore de la matière à cogiter.

 

Tu as vu comme il est de plus en plus enjoué ces derniers temps, remarqua Sarah d'un ton suspicieux.

 

Oui, on dirait que ce qu'il recherche en nous arrive à grands pas.

 

Je crois que nous n'en avons plus pour très longtemps…

 

Tu penses que… insinua Tony sans pouvoir terminer sa phrase.

 

C'est ce que je pense oui ! Nous avons tous une quinzaine d'années. Et vous savez très bien qu'il n'y a quasiment pas plus grand sur l'île à part les adultes. Les grands, tout comme ceux qui se rebellent, disparaissent à tout jamais d'Ikaras. Ce qu'ils deviennent, personne ne le sait.

 

Tu as raison Will. Il faut trouver un moyen d'échapper à tout cela, proposa Sarah dans un ton mêlant anxiété palpable et rébellion sous-jacente.

 

On va y réfléchir cette nuit, mais en attendant il vaut mieux ne pas éveiller les soupçons en continuant à se rendre au Zéta oculis. Mais pour nous laisser un peu de temps voilà ce que l'on va faire…

 

La nuit avait porté ses fruits. Une idée était née dans la douceur des ténèbres étoilées. Le fruit de leur évasion avait pris le temps de mûrir sous la faible lueur d'un croissant de lune. Avant d'entrer dans la grande salle, William, Tony et Sarah s’affairèrent à briefer tous les participants du jour. Le but était simple : créer des débats ou aborder des sujets sans grand intérêt. Le sens officiel de cette manœuvre était de voir comment Carl allait réagir à un manque visible de motivation de la part des participants. Le sens officieux était plutôt de montrer à Carl qu'ils n'étaient pas encore prêts à « disparaître » et ainsi gagner un peu de temps. Un temps nécessaire à la réalisation du plan d'évasion fraîchement conçu.

 

Bon… Comme je vois que vous n’êtes pas énormément inspirés aujourd'hui je vous donne une piste de réflexion. Connaissez-vous la notion d'empreinte dans le domaine animalier ? Si ce n'est pas le cas je vous suggère d'aller faire un tour à l’atelier des sciences de la vie et de la terre. Vous en apprendrez sûrement davantage sur cette notion d'empreinte. Sur ce, bonne journée , déclara l'adulte en toute fin de séance.

 

La tactique avait finalement bien fonctionné, bien plus que ce qu'ils n'auraient espéré. Ils avaient l'impression d'avoir glané un temps précieux et en prime Carl leur donnait une sorte d'indice. La réalisation de leur plan s’effectuant de nuit, ils se rendirent l’après-midi même à l'atelier des sciences de la vie et de la terre pour se renseigner sur cette énigmatique notion d'empreinte.

 

Venez voir les garçons ! Je crois bien que j'ai trouvé quelque chose…

 

William et Tony se hâtèrent de rejoindre Sarah qui se tenait debout face à une petite étagère, le nez plongé dans un bouquin.

 

Ça ne traîne pas avec toi au moins, la félicita Tony.

 

Écoutez ! Dans le domaine animalier, plus particulièrement les oiseaux apparemment, la notion d'empreinte est un aspect de l’apprentissage qui se produit en très bas âge, à un moment où l’oiseau est très sensible et où il est exposé à un stimulus très significatif. L'empreinte a des répercussions à très long terme, reconnaissance des parents, attachement, caractéristiques de son espèce, relations sociales…

 

Curieuse sa piste de réflexion, déclara William un peu déçu à la fin de la lecture.

 

Le Soleil disparut lentement derrière l'horizon dans de majestueuses gerbes aux couleurs flamboyantes. Les ailes de la nuit recouvrirent en douceur l'île Ikaras. Le moment était venu pour William, Tony et Sarah de mettre leur plan à exécution. Tous les trois se dirigèrent vers l’atelier de menuiserie en toute furtivité.

 

C'est pas pour dire Sarah, mais avoir une peau aussi sombre que la tienne ça aide beaucoup à passer inaperçu durant la nuit, sourit Tony.

 

Moi à la regarder avancer avec grâce et souplesse comme ça, j'ai l'impression de voir une panthère chassant sa proie.

 

Elle est tellement charmante, j’espère que sa proie c'est moi.

 

Hé les garçons, je vous signale qu'on est arrivé. On va pouvoir se mettre au travail. Ça vous évitera de raconter n'importe quoi, conclut Sarah avec légèreté.

 

Durant une bonne partie de la nuit, les trois jeunes entamèrent la construction d'une petite embarcation. Ils estimaient terminer leur barque en deux ou trois séances de travail. L'atelier de menuiserie étant situé loin de toutes habitations et disposant d'un stock de bois assez conséquent, personne ne pouvait se douter de leurs agissements. Il restait à savoir si l'embarcation allait flotter ou couler… Il s’agissait là du point le plus délicat de ce plan. Un point crucial qu'il ne fallait absolument pas négliger au risque de faire tomber le projet à l'eau. Sarah avait une solution toute trouvée. Elle prévoyait de se servir d'une grande bâche en la collant à l’extérieur de la coque pour assurer son étanchéité.

 

La réalisation de la barque constituait en réalité le morceau le plus simple du plan. Une fois sur l'océan, les moussaillons improvisés devront apprendre à naviguer sous un ciel étoilé. Depuis les falaises de l'île, tous avaient pu apercevoir la côte par temps clair. La traversée n'était donc pas impossible, mais risquée. Un risque que les trois jeunes avaient décidé de prendre afin de devenir le noble capitaine de leur destin…

 

Le lendemain matin, William, Tony et Sarah débarquèrent avec une tête de zombi au Zéta oculis.

 

Hé vous tous, on refait comme hier ok ? On y va doucement et comme ça il nous donne des indices, se précipita à demander William.

 

Bonjour à tous et à toutes ! Je suis impatient de vous entendre. Alors, qu'avez-vous à me dire sur l'empreinte ? Quels sont les curieux qui sont allés enquêter ?

 

Malheureusement pour les trois amis, la curiosité des participants avait pris le dessus au fil des discussions.

 

En fait, on peut faire un parallèle avec nous autres les humains. Durant notre petite enfance ou notre enfance, on s’identifie à ce qui nous entoure. Ça peut être des idéologies, des communautés, des traditions et cetera.

 

Oui très juste on peut voir les choses comme cela, s'enthousiasma Carl qui voyait les participants accrocher au sujet.

 

Et d'une certaine façon, on se limite souvent à cette empreinte. On pense que ces traditions, croyances font partie de nous alors que c'est faux. On poursuit un schéma sociétal et communautaire. On devient un engrenage formaté, poursuivit un adolescent comme illuminé.

 

Donc si je traduis un peu tout ça, vivre ici nous aurait permis de devenir nous-même. Purement nous-même ! Ni obligation d'être ceci ou cela, ni influence quelconque, purement nous-même, réalisa une jeune fille comme touchée par l'illumination elle aussi.

 

On peut dire cela oui. Le terme de pureté employé et très parlant…

William, Tony et Sarah se regardaient avec crainte. À leurs yeux ils n'en avaient plus pour très longtemps. Tous les participants seraient amenés incessamment à « disparaître »…

 

Le soir venu, les trois jeunes continuèrent avec ardeur et précipitation la construction de la barque. Pensant la fin extrêmement proche, Sarah décida d'aller chercher la précieuse bâche dans les jardins potagers qui regorgeaient de serres bâchées.

 

Je commence sérieusement à m'inquiéter. Elle n'est toujours pas revenue, stressa Tony alors qu'il finissait de poncer la coque de l'embarcation tout juste achevée sous les lueurs de l'aurore.

 

On a plus le temps d'attendre ! Filons planquer la barque. Vite !

 

Avec l'anxiété qui les minait, William et Tony n'avaient pu dormir que de maigres heures. La disparition de Sarah était plus qu’inquiétante… Ils se levèrent avec lourdeur pour se rendre au Zéta oculis.

 

William, viens voir !

 

Quoi ?

 

Le jeune homme approcha de son ami qui se tenait debout devant la porte close de la maison.

 

Regarde ce que j'ai trouvé par terre !

 

Hein ?! Mais c'est quoi ce truc !

 

Tony tenait dans ses mains une sorte de carte de visite. Une carte de visite qu'il venait d'extraire d'une lettre passée sous la porte. Une lettre portant son nom. William lut alors le message d'une voix troublée.

 

 

Vous êtes les enfants du projet zéro

Rendez-vous au Zéta oculis dans la nuit du 02 août

 

 

La nuit du deux août c'est ce soir, réalisa Tony tout aussi troublé que son ami.

 

Les enfants du projet zéro ? Mais c'est quoi tout ce bordel ?!

 

Un long silence se fit entendre pour unique réponse à sa question. Tous deux restèrent un moment à regarder cette carte en la retournant dans tous les sens.

 

Tiens, tu en as une aussi, déclara finalement Tony en tendant une lettre au nom de William.

 

De retour au Zéta oculis, William et Tony prirent place dans la salle remplie de monde. Ils avaient pris la décision d'y retourner ce matin pour demander quelques explications.

 

Bonjour à tous et à toutes !

 

Je voudrais commencer, s'empressa de dire William.

 

Oh quelle motivation ! Je vous écoute.

 

Savez-vous où est Sarah ?

 

Pour une énième fois, que deviennent les disparus de l'île ? Et qu'est-ce que le projet zéro ? rajouta William avec force.

 

Tous les participants se retournèrent sur les deux amis. Seul le visage de Carl resta inchangé.

 

Pour Sarah, je ne sais pas du tout, je ne peux hélas pas vous répondre. Les disparus, comme vous dites, ont fini leur temps ici. Ils vivent leur vie tout simplement. Ça je vous l'ai déjà dit. Et concernant le projet zéro, il s'agit d'une farce jouée à certain d'entre vous par des petits malins. Vous réfléchissez trop. Vous devriez dormir un peu vous savez.

 

Nan nan nan, on veut des réponses. Des réponses ! s'énerva William en tapant du poing sur la table.

 

Arrête Will, excusez-nous, on est très fatigués, prétexta Tony en incitant son ami à sortir de la salle.

 

Les deux jeunes hommes s'en retournèrent à la maison, de plus en plus pétris dans les engrenages infernaux de leur mental.

 

Un après-midi entier à dormir fut salvateur pour l'esprit perturbé de William et Tony. Fatigue et sensations fortes ne faisaient visiblement pas bon ménage… La tête bien reposée, ils avaient réfléchi et décidèrent d'aller au rendez-vous.

 

Une grande bouffée d'air devant le Zéta oculis les prépara à y entrer.

 

Bonsoir messieurs ! Ça va vous êtes remis de vos émotions, les accueillit une ombre assise au coin d'une table.

 

Bonsoir Carl, répondirent calmement les deux autres.

 

Je vous dois quelques explications. Sarah vous attend non loin d'ici, sur le continent tout proche. Comme vous tous, c'est une enfant du projet zéro. Vous avez reçu cette carte car on vous a jugés prêts. Le reste de vos camarades devrait très prochainement en recevoir une aussi… Suivez-moi sur le continent et je vous en dirai plus sur le projet zéro.

 

Abasourdis par les révélations de Carl, William et Tony se regardèrent un moment en silence avant d'accepter la proposition.

 

Carl les conduisit alors à travers la forêt pour arriver au fond d'une petite crique noyée sous les ombres de la nuit. Une descente acrobatique plus tard, ils découvrirent un bateau bien caché au creux d'une grotte.

 

Je vous en prie, montez, les y invita Carl.

 

Durant le trajet sur les eaux noires et opaques de l’océan nocturne, les deux amis ne cessaient de penser à ces révélations à venir. Ils allaient enfin connaître le fin mot de cette étrange histoire.

 

Nous sommes arrivés, tout le monde à terre, déclara Carl avec légèreté.

 

C'est avec une petite bouffée d'émotions que William et Tony foulèrent un sol inconnu.

 

Par ici, suivez-moi.

 

Tout proche de la côte se dressait un bâtiment semblable à ceux de l'île Ikaras. Tous y pénétrèrent au terme d'une raide montée d’escalier. À l’intérieur, une trentaine de personnes, âgés de 20 à 40 ans environ, les y attendaient en finissant leur repas autour de grandes tables. Sarah se détacha du lot pour rejoindre ses deux amis avec le sourire aux lèvres pour de chaleureuses retrouvailles.

 

Vous connaissez déjà Sarah, je vous présente maintenant nos deux nouveaux libres penseurs, déclara Carl en haussant la voix.

 

Après un court moment où les gens se tournèrent vers eux pour les applaudir, tous reprirent le repas où ils l'avaient laissé.

 

Comme convenu, je vais à présent vous parler du projet zéro. L'objectif de ce projet à l'échelle mondiale est de créer une toute nouvelle humanité. Permettre à l'humanité, en l'espace de quelques générations, de repartir à zéro.

 

De repartir à zéro ?!

 

Attend Will, laisse-le finir, lui dit Sarah avec confiance.

 

Repartir à zéro en effet… Oublier toutes idéologies, croyances, traditions, civilisations et cetera, dans le but de créer une humanité unifiée et évoluée. Le vieux monde est boiteux, il manque cruellement d’harmonie. Grâce au projet zéro, il va progressivement s'éteindre ne laissant que quelques ruines. Votre passage sur l'île a rendu votre esprit puissant. Vous êtes des libres penseurs ! Et votre mission, si toutefois vous l'acceptez, est de partir à la découverte du vaste territoire qui s'offre à vous et, pourquoi pas, y bâtir un monde meilleur…

 

 



11/02/2015

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