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Extrait de L'Ahadorya

 


L’AHADORYA

BULLE AU COEUR DE LUMIÈRE


 CHAPITRE 1 (extrait)

 

TOMBÉE DU CIEL


 

 

— Tu as vu celui-là… Il est magnifique ! s’exclama Emma en montrant à son frère un petit coquillage nacré aux reflets arc-en-ciel.

 

Le vent marin faisait voler en tous sens de longues mèches de cheveux couleur noisette.

 

Emma était une jeune fille de dix-sept ans au teint pâle et au corps assez frêle. Sa manière de se tenir et de se mouvoir aurait pu être celle d’un petit rat de l’opéra qui aurait troqué son tutu rose bonbon pour un simple T-shirt et un petit short en jean.

 

Nathan était beaucoup moins concentré que sa sœur dans la quête de coquillages, trop studieux à son goût… Pour l’heure, il s’exerçait à maintenir en équilibre sur le bout de son index un bâton de bois ramassé plus tôt sur cette belle plage de la Côte d’Opale. Il avait un an de plus qu’Emma, avec qui il partageait bien sûr un air de famille. Il avait cependant les cheveux plus sombres et le teint plus mat. Son débardeur et son bermuda dévoilaient un bronzage que sa sœur lui enviait tout le temps.

 

— J’en ramasse encore quelques-uns, prévint Emma, constatant que son frère portait plus d’intérêt à un vulgaire morceau de bois plutôt qu’à ces satanés coquillages.

 

— Tu en as déjà trop ! Avec le contenu de ton sac tu pourrais facilement décorer une bonne dizaine de cadres. Toujours le nez dans tes coquillages, je suis sûr que tu n’as même pas remarqué que nous étions seuls sur la plage… c’est super non ? ! lui répondit-il tout en ne quittant pas son bâton du regard.

 

Il faisait de brusques va-et-vient d’avant en arrière pour lui faire garder l’équilibre.

 

— C’est normal que nous soyons seuls, il est encore tôt.

 

Sa montre indiquait à peine huit heures trente.

 

— Hooo ! reprit-elle. Regarde donc celui-là, il est encore plus beau !

 

Elle se pencha pour ramasser ce qu’elle appela une vraie petite pépite de la mer. Nathan la laissa donc s’extasier sur son trésor et s’éloigna un peu pour rejoindre le bord de la mer. Ce matin du mois d’Août, le temps était au beau fixe bien qu’encore un peu frais malgré la présence du soleil. Il fit quelques pas dans l’eau fraîche. Les vagues venaient mourir à ses pieds en lui caressant les chevilles. Il regarda un instant cette belle ligne d’horizon, là où ciel et mer se rejoignaient pour donner l’illusion de ne former qu’un tout. Une sensation de paix l’envahit quelques secondes puis il se retourna :

 

— Allez viens Emma, t’as pas bientôt fini ? ! lui demanda-t-il, légèrement agacé.

 

— Deux secondes, j’arrive…

 

Emma avait beau lui assurer qu’elle arrivait, les coquillages trouvaient toujours le moyen de se mettre sur sa route et elle ne pouvait résister à leur appel. Nathan avait bien du mal à comprendre cela car il leur résistait parfaitement bien, lui.

 

Soudain, une chose attira son attention.

 

— À ton avis, c’est quoi là-bas ? lui demanda-t-il.

Ces mots eurent le pouvoir de libérer Emma de l’emprise de ses coquillages. Elle leva le nez et regarda son frère lui indiquer une direction avec le bâton dont il ne s’était toujours pas débarrassé.

 

Il y avait au loin, à plusieurs dizaines de mètres de là, quelque chose d’assez grand qui avait l’air de s’être échoué sur la plage.

 

Emma avait enfin rejoint Nathan au bord de l’eau… Elle fixait cette masse au sol tout en tenant ses deux mains en visière au-dessus de ses yeux bleus, espérant que cette manœuvre pourrait améliorer sa vision.

 

— C’est peut-être un tas d’ordures… supposa-t-elle. C’est dégueulasse ! Quand je vois ça, j’aimerais vraiment que les objets soient frappés d’un sort et qu’ils reviennent dans la tronche de leurs pollueurs de propriétaires ! s’emporta-t-elle.

 

— Hou là là… mais c’est une petite sœur violente que nous avons là, dit Nathan, le regard rieur.

 

Il la taquinait en lui donnant de légers coups de coude dans les flancs, guettant sa réaction… Elle lui rendit un joli sourire. Visiblement, sa soudaine colère était retombée aussi vite qu’un soufflé sortant du four. Elle reprit son sérieux.

 

— Et toi alors, tu penses que c’est quoi ?

 

— Moi, ma chère, je suis beaucoup plus terre à terre que toi ! Je pense… que c’est… un mort…

 

Il jeta un regard oblique à sa sœur et attendit d’observer la manière dont elle allait bien pouvoir réagir à ses propos déconcertants. Emma se tourna vers lui, le regarda un petit instant puis roula les yeux.

 

— Que tu es bête… murmura-t-elle.

 

— Allons voir ça de plus près.

 

Ils s’avancèrent d’un bon pas vers l’objet de toutes leurs interrogations. Bien vite, ils en furent assez près pour en être certains : ce n’était pas un objet.

 

Ils s’arrêtèrent net. Une boule se forma dans leur ventre.

 

— J’ai peur Nathan…

 

— Bon sang… c’est… ce n’est pas possible…


 



10/08/2013

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